WARM-UP INDISCIPLINÉES : GABLÉ + BACCHANTES

Gablé

Toujours en débord de la scène pop française, qui lui doit beaucoup, GaBLé s’était fait plus rare depuis trois ans et la fin de la tournée du ciné-concert Comicolor. Pour réinvestir cette ingénierie foutraque, cet art du joyeux chaos qui ont fait leur signature, le trio a prit le temps de composer et d’écrire un nouveau disque, PiCK THe WeaK. Sur cet album les chansons se traversent comme des tableaux fourmillant de détails, composant un canevas broussailleux et incroyablement cohérent à la fois, dans lequel nous nous plaisons à nous perdre et nous reperdre encore.

Que cela soit sur l’imparable We LooK aWay ou sur IT MaKeS SeNSeS, GaBLé déroule ici sa plus belle bricolo-pop, se baladant dans tous les registres, assemblant comme des legos, flûtes traversières et bassons, bricoles électroniques, synthés et percussions cabossées, samples de voix passés au court-bouillon. Et nous donne enfin l’occasion de regoûter à cette passionnante chimie que l’on n’attendait plus et qui nous avait quand même beaucoup manqué.

Bacchantes

Pas un bruit est un album virtuose et limpide, un conte, une prophétie et un appel.
Une expérience comme un défi, d’abord pour celles qui le font. Comment faire ensemble et comment exister chacune, autant, à part entière, dans ce tout ? Façonner un lieu commun, laisser advenir la rencontre, quand les géographies, les univers pourraient tenir à distance ?
Un lieu à soi qui n’est pas une juxtaposition mais une noce. Celle des voix bien sûr, car toutes chantent et chacune a sa voix, Bacchantes est alors une voix faite de toutes ces voix. Mais également l’instrumentarium, dont chacune des quatre artistes s’empare. Dans ce deuxième album, il s’est largement étoffé, offrant la possibilité de nouvelles textures, sans faire perdre cette impression intime et puissante de communion découverte avec Bacchantes en 2021.
C’est amusant aussi de réaliser comment le pragmatique peut écrire un peu l’esthétique dans l’histoire de ce disque. Parce qu’Amélie Grosselin, Claire Grupallo, Astrid Radigue et Faustine Seilman habitent loin les unes des autres, l’écriture, admettra le temps long et s’adaptera au rythme des rencontres espacées et intenses qui obligent à la disponibilité entière aux autres et à la fulgurance.