Sans crier gare, une formation de jeunes filles âgées de onze à dix-huit ans, originaires d’une région reculée du Bénin, bouscule l’idiome rock garage avec une fraîcheur, une inventivité et une énergie stupéfiantes, jouant juste, haut et fort. Angélique, Anne, Dorcas, Grace, Julienne, Sandrine et Urrice arrivent enfin eu Europe.
C’est dans la région de contraste qui entoure Natitingou, de paysages à la fois verts et rocailleux qu’ont grandies les sept vedettes juvéniles de Star Feminine Band, dignes héritières d’Angélique Kidjo, grande voix féminine du Bénin des années 80. Souvent déscolarisées et promises à vendre des arachides, des bananes ou du gari, la plupart des jeunes filles de la région n’ont guère d’avenir. Les mariages forcés, les grossesses précoces sont légion.
Conscient de cette précarité, le musicien André Balaguemon décide de former un groupe féminin ancré dans les préoccupations de son époque et lance un appel sur les ondes de Nanto FM pour former des filles bénévolement à la musique. Des dizaines d’aspirantes musiciennes se présentent à la Maison des Jeunes. Rapidement, elles se passionnent pour leurs nouvelles activités musicales, apprenant la guitare, les harmonies vocales, le piano et la batterie.
Le groupe continue non seulement d’aller à l’école, mais aussi à répéter dans un local chaque semaine. Habitées par les plus nobles aspirations, celles de chanter leur culture, leur condition féminine et leur possible émancipation, elles adaptent des chansons d’inspiration traditionnelle, dans une veine de folklore modernisé. « Nous jouons les danses de rythme waama, nous voulons les mettre à l’honneur. Nous avons composé des chansons en français, en waama et ditamari, deux ethnies méconnues du Nord. Nous chantons aussi des morceaux en langue bariba, ainsi qu’en langue fon, langue majoritaire au Bénin, dans le nouveau répertoire, afin de se faire comprendre du plus grand nombre ».
C’est ainsi qu’elles enregistrent leur premier album éponyme sur le label Born Bad, sorti en 2020.